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se change en grains d’or et m’éblouit, Baldazzar. Hélas ! hélas ! je ne puis mourir, sentant au fond de mon cœur cet amour passionné du beau qui le consume ! Il me semble que l’air embaumé devient plus caressant qu’autrefois ; de riches mélodies flottent dans la brise, un charme inconnu décore la terre, et la lune tranquille, qui siége là-haut dans le ciel, envoie des rayons plus purs. — Chut ! chut ! Diras-tu que tu n’entends rien, cette fois ?

BÀLDAZZAR.

Rien, en vérité.

POLITIEN.

Rien ! Écoute maintenant, — écoute ! Le son le plus faible, mais aussi le plus doux qui ait jamais ravi l’oreille ! Une voix de femme ! et qui respire la douleur. Baldazzar, ce chant m’oppresse comme un sortilège ! Encore, encore ! Avec quelle solennité elle pénètre au plus profond de mon âme ! Certes, cette voix éloquente, je l’entends pour la première fois : que ne m’a-t-elle seulement fait tressaillir plus tôt ! — mon sort eût été changé !

BALDAZZAR.

Je l’entends à mon tour. Silence ! — La voix, à moins que je ne me trompe, vient de cette croisée que tu peux apercevoir sans peine de celle où