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reux, le plus heureux de Rome ! Quelques jours encore, tu le sais, mon Alessandra, tu seras à moi. Oh ! je suis très-heureux !

ALESSANDRA.

Tu as, ce me semble, une singulière façon de prouver ton bonheur. Qu’as-tu donc, ô cousin, mon ami ? Pourquoi ce profond soupir ?

CASTIGLIONE.

Ai-je soupiré ? C’est sans m’en douter. C’est une habitude, une sotte, fort sotte habitude que j’ai, lorsque je me sens très-heureux. Ai-je donc soupiré ?

Il soupire.
ALESSANDRA.

Oui. Tu ne te portes pas bien. Tu as mené une vie trop dissipée ces temps derniers, et j’en suis

    caine est Tortesa l’usurier de N. P. Willis, « qui a mis en scène des personnages impossibles, et basé son intrigue sur un tissu d’absurdités. » (Works of E. A. Poe, vol. III, p. 33.) Il me semble que s’il eût lui-même tourné son attention vers le théâtre, il aurait pu combler la lacune qu’il a signalée, — quitte à faire, comme Mat Lewis (surnommé Lewis le Moine), des pièces assez terribles pour mettre en fuite les spectateurs effrayés. Ce n’est pas que l’élément terrible dont Poe a peut-être abusé plus tard domine dans ces pages ; mais, si je ne me trompe, elles montrent en fleur des qualités qui font penser à un Alfred de Musset cherchant sa voie. (Note du traducteur.)