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mais que son idée serait mieux rendue par Tommy Hawk ou plutôt tomahawvk, et que l’emploi en question se bornait à scalper, insulter, injurier d’une façon quelconque les auteurs restés dans la catégorie des pauvres diables.

Je répondis à mon protecteur que s’il ne s’agissait que de cela, je me résignais de bon cœur à remplir le rôle de Thomas Hawk. Sur ce, M. Crab m’ordonna d’éreinter sans retard le directeur du Taon, et avec autant de férocité que mon talent me permettrait d’en déployer, comme spécimen de mon savoir-faire. Je me mis immédiatement à l’œuvre, et j’accouchai d’une critique sur « l’ode à l’Huile de Bob » de mon riva], qui remplit trente-six pages du Sucre d’orge. Je trouvai qu’il était infiniment plus facile de jouer Thomas Hawk que de jouer au poëte ; car je travaillais systématiquement, ce qui me permettait sans peine de livrer de la besogne bien faite. Voici ma méthode. J’achetai les Discours de lord Brougham, les Œuvres complètes de Cobbett, le Nouveau vocabulaire d’argot, le Manuel du persifleur, le Dictionnaire des poissardes (édition in-folio), et l’Essai sur les langues, de Lewis G. Clark[1]. Je cardai ces ou-

  1. Lewis Gaylard Clark, depuis longtemps rédacteur en chef du Knickerbocker Magazine, a fort peu écrit ; il n’a encore publié qu’un seul volume (Knicknacks from an