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encore humide de larmes récentes, et sur une feuille blanche laissée dans le volume, on lisait des vers anglais manuscrits, dont les caractères ressemblaient si peu à l’écriture assez bizarre de mon hôte, que j’eus quelque peine à la reconnaître.


I


Tu as été pour moi mon amour,
Tout ce que mon cœur pouvait rêver, —
Une île verte au sein des mers,
Une fontaine et un autel,
Tout enguirlandés de fleurs et de fruits enchantés, —
Et chaque fleur était mienne.


II


Ah ! rêve trop beau pour durer !
Espoir étoilé qui ne s’est levé
Que pour se voiler aussitôt !
Une voix de l’Avenir me crie :
En avant ! — Mais sur le Passé,
Sombre golfe, mon esprit s’obstine à planer,
Muet, — immobile, — consterné !


III


Car, hélas ! hélas ! pour moi
La lumière du jour est ternie.
Jamais, jamais, jamais ! —
Tel est le langage que le flot fatidique