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ment au Taon. Je présume que tu ne saurais demander davantage.

— Je serais un ingrat, un vaurien, si j’exigeais rien de plus ! répliquai-je avec enthousiasme. Tu me combles. Je te prouverai ma reconnaissance en faisant de toi le père d’un génie ! »

Ainsi finit mon entretien avec le meilleur des hommes ; la conférence terminée, je me mis à cultiver la muse avec une ardeur peu commune ; car je comptais sur mes travaux poétiques pour arriver à trôner dans un fauteuil de rédacteur en chef.

Dès mes premières tentatives, je fus plutôt entravé qu’aidé par le souvenir des stances à l’Huile de Bob, dont la splendeur m’éblouissait au lieu de m’éclairer. Lorsque je comparais ces vers sublimes à mes essais mal venus, je me sentais naturellement découragé ; de façon que je me consumai en longs et stériles efforts. Enfin, il me vint une de ces idées originales qui germent parfois dans les têtes illuminées d’en haut. Parmi les derniers rebuts d’un étalagiste, j’avais déterré plusieurs vieux livres oubliés, sinon tout à fait inconnus. Le libraire me les céda pour une bagatelle. Dans un de ces bouquins, qui se donnait pour une traduction de l’Inferno d’un nommé Dante, je copiai de ma plus belle écriture, un long passage