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comme ces vipères qu’on voit sortir, en se tortillant, des yeux des masques qui ricanent dans les corniches des temples de Persépolis.

Cependant, malgré le ton moitié badin et moitié solennel dans lequel il continua à parler de choses et d’autres, je ne pus m’empêcher de remarquer à plusieurs reprises, dans ses gestes et dans son maintien, une sorte de trépidation, de satisfaction nerveuse, une irritabilité inquiète, qui me parurent très-étranges dès le début, et qui, à divers intervalles, me causèrent même beaucoup d’alarme. Il s’arrêtait sans cesse au milieu d’une phrase dont il semblait oublier les premiers mots, ayant l’air d’écouter avec une profonde attention, comme s’il eût attendu un autre visiteur ou entendu un bruit qui ne pouvait exister que dans son imagination.

Je profitai d’un de ces moments de rêverie ou de distraction apparente pour jeter les yeux sur la première tragédie nationale de l’Italie, l’Orfeo du poëte et du savant Poliziano, dont l’œuvre admirable traînait sur un divan ; je tombai sur un endroit souligné au crayon. Ce passage, qui se trouve vers la fin du troisième acte, nul homme ne saurait le lire sans éprouver une émotion nouvelle, et nulle femme sans soupirer, bien qu’il soit entaché d’immoralité. La page entière était