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me dire le nom de cette belle personne, il avait cru naturellement que je voulais parler de la plus jeune et m’avait répondu avec la plus grande sincérité, par l’éloge de la célèbre veuve, madame Lalande.

Le lendemain, ma trisaïeule, rencontrant à la promenade Talbot, qu’elle avait connu autrefois à Paris, il va sans dire qu’il ne tarda pas à être question de moi. Mon infirmité visuelle fut alors expliquée, car personne ne l’ignorait, bien que je me flattasse du contraire ; et ma bonne parente apprit, à son grand regret, qu’elle se trompait en supposant que je la connaissais et que je jouais tout bonnement un rôle des plus ridicules, en faisant la cour de loin et en plein théâtre à une vieille dame que je n’avais jamais vue. Afin de me donner une leçon, elle organisa un complot avec Talbot, et celui-ci se tint à l’écart pour éviter de me présenter. Les amis rencontrés par moi dans la rue, peu de temps après ma visite à l’hôtel B…, et auxquels j’avais adressé des questions au sujet de la charmante veuve, madame Lalande, avaient, comme de raison, supposé que je songeais à madame Stéphanie Lalande, — ce qui explique mon entretien avec ces messieurs et l’allusion à Ninon de Lenclos. Je n’avais jamais eu l’occasion de voir madame de près au grand jour, et, à la