qu’on dit bête à manger du foin, mais que ni moi ni ma parente, madame Stéphanie Lalande, n’avons eu le plaisir de rencontrer. Il s’appelle Napoléon Bonaparte, et j’espère que vous n’allez pas soutenir que ce nom-là n’est pas très-respectable ? »
Je m’étais laissé tomber, pâle d’horreur, dans le fauteuil qu’elle venait d’abandonner.
« Moissart et Voissart ! répétai-je d’un ton rêveur. Croissart et Froissart ! ajoutai-je plus haut. Moissart et Voissart, et Croissart et Napoléon Bonaparte Froissart ! mais, Napoléon Bonaparte Froissart, c’est moi, c’est moi ! c’est moi, entendez-vous ?… C’est mo… a… a… ! Je suis Napoléon Bonaparte ! Et je veux que le diable m’emporte à tout jamais si je n’ai pas épousé ma trisaïeule ! »
Madame Eugénie Lalande, presque Simpson et ci-devant Moissart, était en effet ma trisaïeule. Dans sa jeunesse, elle avait été très-belle, et même, à quatre-vingts ans, elle avait conservé le port majestueux, le contour sculptural de la tête, les beaux yeux et le nez grec de son bon temps. Grâce à ces restes, au blanc de perle, au rouge végétal, aux faux cheveux, aux fausses dents, aux fausses tournures, grâce aussi au concours des plus habiles modistes de Paris, elle était parvenue à conserver une certaine position parmi les beautés un peu passées de la métropole. Sous ce rapport, on aurait