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que je pouvais la contempler à la lumière du jour.

« Maintenant, mon ami, dit-elle en me prenant la main et en interrompant le cours de cette réflexion ; maintenant, mon cher ami, puisque nous voilà unis par des liens indissolubles, — puisque j’ai cédé à vos prières passionnées et rempli mes engagements, j’aime à croire que vous avez l’intention de tenir les vôtres. Ah, voyons ! je me rappelle… Je n’ai pas de peine à me souvenir des termes précis de la bonne promesse que vous avez faite hier au soir à votre Eugénie. Vous avez dit : « J’y consens ! Accordé de grand cœur ! Pour vous j’immolerai tous mes sentiments ! Ce soir, je vais porter ce cher lorgnon en qualité de lorgnon, sur mon cœur ; mais dès l’aube du jour qui me donnera la joie de vous nommer ma femme, je placerai votre cadeau sur mon nez, et je le porterai désormais sous la forme moins romantique, moins fashionable, mais plus utile que m’impose votre volonté. » Ne sont-ce pas là les paroles que vous avez prononcées ?

— Oui, répliquai-je ; vous avez une mémoire admirable, et assurément, ma belle Eugénie, je ne me sens nullement disposé à me refuser au léger sacrifice qu’implique ma promesse. Là ! voyez !… Elles ne me vont pas mal… Non, n’est-ce pas ? »