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miner avant deux heures du matin. Nous convînmes que la voiture se tiendrait à la porte à ce moment, afin que madame Lalande pût y monter inaperçue à la faveur de la confusion causée par le départ des invités. Nous devions alors nous rendre chez un clergyman qui nous attendrait, qui nous unirait sans délai[1]. Nous comptions ensuite dire adieu à Talbot et partir pour un petit voyage en Orient, laissant le grand monde faire les commentaires qu’il lui plairait.

Toutes nos mesures arrêtées, je pris congé de ma bien-aimée et me mis à la recherche de Talbot ; chemin faisant, je ne pus m’empêcher d’entrer dans un hôtel afin d’admirer la miniature, que j’examinai à l’aide des verres puissants de mon binocle. La physionomie était d’une beauté merveilleuse ! Ces grands yeux lumineux ! Ce fier nez grec ! Cette riche chevelure noire !

« Ah ! me dis-je d’un ton de triomphe, voilà bien le portrait parlant de ma bien-aimée ! »

Je retournai le médaillon et je lus ces mots : Eugénie Lalande, âgée de vingt-sept ans et sept mois.

  1. Ces mariages à la minute sont assez fréquents en Amérique. Voir l’intéressant livre de M. Auguste Carlier : Le mariage aux États-Unis, Paris, Hachette, 1860.
    (Note du traducteur.)