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saurait donner une expression plus passionnée à un air ou à un récitatif. Sa façon de rendre la romance d’Otello, la manière dont elle interpréta le Sul mio sasso des Capuletti, résonnent encore à mon oreille. Sa voix embrassait trois octaves, s’étendant du de contralto au de soprano, et bien qu’assez puissante pour remplir le grand théâtre de Naples, elle bravait avec la précision la plus minutieuse toutes les difficultés de la vocalisation, montant et descendant l’échelle, exécutant les cadences et les fioritures avec la plus parfaite légèreté. Dans le final de la Somnambule, elle produisit un effet saisissant au passage :

Ah ! non giunge uman pensiero
Al contente ond’ io son piena.

À cet endroit, imitant en cela la Malibran, elle modifia la phrase de Bellini et laissa tomber sa voix jusqu’au sol bas de ténor ; puis, par une rapide transition, elle attaqua le sol au-dessus de la troisième portée, sautant ainsi un intervalle de deux octaves.

En quittant le piano où elle avait exécuté ces miracles de mélodie vocale, elle vint reprendre sa place auprès de moi, et je lui exprimai, en termes du plus profond enthousiasme, le plaisir qu’elle m’avait causé. Je ne parlai pas de mon étonnement,