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non loin de moi, — l’occasion favorable de l’heure et de l’endroit me poussa à lui faire la description du phénomène qui m’avait frappé. Il m’écouta jusqu’au bout ; — d’abord, il se prit à rire de bon cœur ; — mais il ne tarda pas à devenir très-sérieux, comme s’il ne lui était plus permis de douter de ma démence. Au même instant, j’aperçus de nouveau et très-distinctement le monstre. Je poussai un cri d’épouvante, en attirant son attention. Il s’empressa de regarder ; mais il affirma qu’il ne voyait rien, bien que je lui eusse exactement indiqué la route suivie par le monstre, en descendant le versant dépouillé de la colline.

J’étais alarmé au dernier degré ; car je ne pouvais plus regarder la vision que comme un présage de mort, ou, pis que cela, comme l’avant-coureur d’un accès de folie. Je me rejetai dans mon fauteuil et je me cachai le visage dans les mains. Lorsque je les retirai, l’apparition n’était plus visible.

Mon hôte, cependant, avait retrouvé son calme habituel ; il m’interrogea très-minutieusement sur la conformation de cette créature imaginaire. Lorsque j’eus répondu à toutes ses questions, il soupira comme un homme qui se sent allégé d’un poids intolérable, et se mit à causer, avec un sang-froid que je ne pus m’empêcher de trouver cruel, de divers points de philosophie spéculative que