Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/144

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de fameuses dents, lorsqu’il m’a bourré avec la crosse de son rifle.

— Crosse !… bourré !… mon œil !

— Oui, justement, mon œil. Voyons, Pompée, mauvais chenapan, visse-moi cet organe visuel. Ces Kickapoos ne sont pas manchots, allez, quand il s’agit de faire sauter un œil avec le pouce ; mais, en somme, on calomnie ce bon docteur Williams ; vous ne sauriez vous imaginer comme je vois bien avec les yeux qu’il me fournit.

Ce ne fut qu’alors que je reconnus clairement que la personne que je contemplais n’était ni plus ni moins que ma nouvelle connaissance, le général de brigade John A. B. C. Smith. Je dois avouer cependant que les manipulations de Pompée avaient amené une transformation frappante dans l’aspect de son maître. Néanmoins, l’étrangeté du timbre de voix de mon hôte ne m’intriguait pas peu ; mais j’eus bientôt l’explication de ce mystère apparent.

— Pompée, suppôt de l’enfer, glapit le général, je crois en vérité que tu vas me laisser sans mon palais.

Sur ce, le nègre, marmottant une excuse, s’approcha de son maître, lui ouvrit la bouche avec l’air entendu d’un jockey, et y introduisit un appareil d’une forme assez singulière qu’il ajusta d’une façon très-adroite. Je ne pus m’expliquer précisément de quelle manière il s’y prit. Tou-