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gade A. B. C. Smith ? Vous n’ignorez pas que c’est l’homme…

— L’homme, interrompit le révérend Dr Frappefort d’une voix de tonnerre, et avec un coup de poing qui faillit lancer autour de nos oreilles les débris de la chaire, l’homme, né de la femme, n’a que peu de temps à vivre ; il n’apparaît ici-bas que pour être fauché comme une fleur. »

Je me rejetai vivement à l’autre extrémité du banc, et je m’aperçus, aux regards courroucés du prédicateur, que le coup qui avait manqué d’être fatal à la chaire venait d’être provoqué par les chuchotements de la dame et les miens. N’ayant pas le choix, je me résignai de mon mieux, et, pauvre martyr, j’écoutai dans un mutisme plein de dignité les phrases bien rhythmées de cet admirable sermon.

Le lendemain soir, je me rendis un peu tard au théâtre Brûleplanche, ou je me flattais de satisfaire ma curiosité, sans autre peine que celle de gagner la loge de mesdemoiselles Arabella et Miranda Cognoscenti, charmantes personnes dont on cite, en manière d’exemple, l’omniscience et l’affabilité. L’excellent tragédien Climax faisait Iago devant une salle comble, et ce ne fut pas sans difficulté que je parvins à expliquer le but de ma visite, — d’autant plus que la loge en question était