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oublier ma contrariété. Mon ami nous ayant quitté dix minutes après notre rencontre, j’eus avec ce premier un long entretien, et, non-seulement je fus ravi, mais j’appris réellement beaucoup de choses. J’ai rencontré peu de causeurs aussi entraînants, peu d’hommes doués de connaissances plus étendues. Toutefois, une modestie convenable l’empêcha d’aborder le sujet que j’avais le plus à cœur, — c’est-à-dire les mystérieux détails de la guerre contre les Bugaboos et les Kickapoos, — et, pour ma part, grâce à une délicatesse qui ne me parut pas moins convenable, je m’abstins d’entamer cette question, bien qu’au fond je fusse très-tenté de le faire. Je m’aperçus d’ailleurs que le brave officier préférait les sujets d’intérêt philosophique, et qu’il se plaisait surtout à porter aux nues le progrès incroyable des inventions mécaniques. Je remarquai même, quelque tournure que je cherchasse à donner à la conversation, qu’il revenait toujours à son thème favori.

« Quelle ingéniosité sans pareille déploient nos mécaniciens ! disait-il. Nous sommes un peuple merveilleux et nous vivons dans un siècle de merveilles ! Parachutes et chemins de fer ! Chausse-trapes et pièges à loups ! Nos steamers se croisent sur toutes les mers, et le ballon à vapeur de Nassau ne tardera pas à établir un transit régulier