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croire mes oreilles ? Vous ne voulez pas dire, hein ? que le nom du savant docteur Goudron et celui du célèbre professeur Plume vous sont inconnus ?

— Je suis bien forcé de confesser mon ignorance, répondis-je ; mais la vérité avant tout ! Je ne m’en sens pas moins humilié, — humilié à me rouler dans la poussière ! — Ignorer jusqu’aux noms des deux écrivains, d’un mérite sans doute transcendental, que vous venez de citer ! Je m’empresserai de me procurer leurs ouvrages et de les étudier avec une attention particulière. Monsieur Maillard, vous m’avez vraiment, — je dois l’avouer, — vous m’avez vraiment fait rougir ! »

Et je ne mentais pas.

« Bast ! ne parlons plus de cela, mon jeune ami, dit l’administrateur d’un ton de bonhomie en me serrant la main. Un verre de sauterne ? »

Nous bûmes. Les autres convives, qui suivirent notre exemple, n’épargnaient pas le vin. Ils bavardaient, ils plaisantaient, ils riaient, ils se livraient à mille excentricités. Les violons grinçaient, le tambour allait ran plan plan, les trombones beuglaient comme autant de taureaux d’airain à la Phalaris ; et le désordre général, empirant à mesure que le vin exerçait son empire, finit par produire une sorte de pandemonium en miniature. Cependant, M. Maillard et moi, après avoir vidé les