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les portaient. En regardant autour de moi, je vis l’intéressante jeune personne à qui M. Maillard m’avait présenté dans le petit salon ; mais quelle fut ma surprise en la retrouvant vêtue d’un cerceau ou d’un vertugadin, avec des souliers à talons élevés, coiffée d’un bonnet de dentelles ternies qui, beaucoup trop grand pour elle, lui rapetissait le visage d’une manière risible. Lors de notre première rencontre, elle portait une toilette de deuil qui lui seyait à ravir. Bref, les costumes des convives en général péchaient par quelque chose d’étrange qui me fit songer de nouveau au système de la douceur, et je m’imaginai que M. Maillard ne voulait me détromper qu’après dîner, afin de m’éviter l’impression désagréable que je devais ressentir en me sachant à table avec des aliénés ; mais je me rappelai avoir entendu dire, à Paris, que les méridionaux se distinguent entre tous par leur excentricité, et qu’ils ont conservé une foule de notions surannées. Bailleurs, je n’eus pas plus tôt causé avec deux ou trois de mes commensaux que mes appréhensions se dissipèrent.

La salle à manger, bien qu’assez confortable peut-être et de bonne dimension, n’avait rien d’élégant. Par exemple, le plancher n’était pas tapissé ; — du reste, c’est là un luxe dont on se dispense fréquemment en France. Il n’y avait pas