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Alors au milieu de ma misère infinie, vint doucement l’ange de l’espérance. Je me rappelai mes précautions. Je me tordis, je fis des efforts spasmodiques pour briser le cercueil. Il ne voulut pas céder. Je tâtai mes mains cherchant la corde de la cloche. Je ne pus la trouver. Et le consolateur s’enfuit à jamais ; un désespoir plus âpre encore reprit le dessus. Car je ne pouvais m’empêcher de m’apercevoir que mon cercueil n’était point capitonné comme celui que j’avais fait préparer avec tant de soin. Soudain, mes narines furent frappées de l’odeur forte et particulière qu’exhale la terre humide. La conclusion s’imposait. Mon mal m’avait surpris hors de chez moi, parmi des étrangers, — quand ou comment, je ne pouvais m’en souvenir, — et c’étaient eux qui m’avaient enterré vif comme un chien, qui m’avaient cloué dans un cercueil commun et jeté profondément, à tout jamais, dans une fosse ordinaire et sans nom.

Comme cette horrible conviction pénétrait tout au fond de mon âme, je tâchai encore une fois de crier haut, et, dans cette seconde tentative, je réussis. Un cri long, continu, un hurlement d’agonie, résonna par les royaumes de la nuit souterraine.

— Eh bien, eh bien ! Hé ! là bas, répondit une voix rude !

— Que diable y a-t-il maintenant ? dit une seconde voix.

— Dites donc, avez-vous fini ? dit une troisième.

— Voulez-vous bien ne pas hurler ainsi, comme une chatte amoureuse ? dit une quatrième.

Et là-dessus, je fus saisi, et rudement secoué pendant