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reproduction photographique d’un daguerréotype de Poe, pris quelques jours avant ce dernier voyage, soit quelques mois avant sa mort. Poe avait 39 ans. Il paraît fort de buste, les épaules tombantes, la main musculeuse, large. La tête est grosse, sans disproportion. Le visage semble rectangulaire, la largeur au front étant égale à celle du bas des machoires. Le menton est rond et massif ; la lèvre inférieure dépasse légèrement la supérieure assez mince, portant une courte moustache noire coupée courte. La bouche est grande, droite, tirée aux coins seulement, par des plis plutôt sarcastiques qu’amers, marquant le dédain, la confiance en soi, une certaine bizarrerie frivole. Le nez, de type assez lourd, n’a rien de particulier ; mais tout autour sont tracées quatre grandes lignes obliques creusées par les deux sillons nasolabials et par l’affaissement de la cernure des yeux, de façon à faire saillir fortement les deux bandes de peau qui relient le nez aux joues. Ce sont les rides d’un homme miné par la maladie, le vice, la misère, les fortes émotions. Les yeux sont creux, profondément encastrés sous l’arcade sourcilière, et ne semblent pas exactement placés de niveau, le droit étant plus bas que le gauche ; cette disposition donne beaucoup de douceur et de tristesse au haut du visage, comme si la tête penchait un peu à droite. Le regard est fixe, et paraît dirigé sur quelque objet très-lointain. Le front est énorme, très-haut, très-droit, très-large, faisant tout le tour de l’avant-tête, avec des méplats lumineux, renflé au-dessus des yeux. Les muscles peaussiers servant à contracter les sourcils, ceux que Darwin a appelés les muscles de la douleur, sont fortement accusés. À la racine du nez, la chair est coupée par une seule petite ride perpendiculaire et nette. Ce trait indique ordinairement une activité cérébrale trop intense et désordonnés, un équilibre intellectuel chancelant, la propension à la monomanie. Les cheveux noirs, abondants, se