faire, Hélène, et je le ferai, — si vous me l’ordonnez, — et m’y aidez. »
La dernière lettre de cette correspondance est du 24 novembre 1848. Peu après, Poe arrivait à Providence. Il avait toute raison de bien augurer de son avenir. Après son mariage, rien ne l’empêcherait plus de fonder son magazine, et celui-ci une fois établi, il aurait pu acquérir en partie la suprématie sociale qu’il rêvait. Quand il se présenta chez Mme Whitman, celle-ci le reçut d’une façon étrange. Elle l’attendait debout, lui remit certains papiers qu’il lui avait confiés, et sans dire un mot, pressant sous ses narines un mouchoir imbibé d’éther, elle tomba évanouie sur le sopha. Poe la supplia de lui parler, puis sortit de la maison, ne devant plus y rentrer. On avait averti Mme Whitman, comme on le sut longtemps après, que Poe violait sa promesse, et s’était remis à boire. Il ignorait cette accusation et ne put s’en défendre. L’opinion publique lui donna tous les torts de la rupture. Il écrivit à Mme Whitman pour qu’elle l’autorisât à déclarer le mariage remis pour cause de maladie. Mme Whitman ne lui répondit pas.
Poe revint à Fordham. Pendant cette année 1848, la plus agitée de sa vie, il n’avait produit que fort peu de chose. Après Eureka, il composa un « Essai sur les poètes femmes d’Amérique », qu’il débâta dans plusieurs conférences. Vers la fin de l’année, il publia un article sur la théorie de la versification, une fantaisie, Mellonta tanta, quelques critiques, quelques pièces de vers, et reprit ses Marginalia.
Puis, s’obstinant à tenter de satisfaire son besoin maladif d’affection, il s’engagea dans une correspondance intime, avec une nouvelle amie, la dernière de toutes, Mme R. à qui Poe a dédié les plus affectueuses pièces de vers. Il avait été l’hôte de la famille R. pendant son séjour à Lowell