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tra que son cerveau était lésé. Il n’avait pas bu et n’avait quitté sa maison que quelques heures avant de venir chez moi. Évidemment sa vitalité baissait et il était bien près de délirer. Pendant qu’il dormait, nous étudiâmes son pouls et nous trouvâmes les symptômes que j’avais observés auparavant. Je fis appeler le docteur Francis qui dit que le cœur de M. Poe était malade. Je ne pensais pas qu’il dût vivre longtemps. Je savais qu’un désordre organique minait sa constitution, désordre causé par les épreuves et les souffrances de sa vie. »


Ces accidents devinrent habituels. Poe n’avait plus d’occupations régulières. Les soucis d’argent, l’incertitude de sa condition, la perpétuité de sa misère l’avaient rejeté dans son vice. Mme  Schew qui était jeune, belle, mariée, ne pensa plus pouvoir continuer ses relations avec le nouvelliste. Elle le lui fit entendre. Il répondit par une lettre incohérente, écrite comme par un fou. On en resta là. Il ne revit plus Mme  Schew, qui n’était ni une femme ordinaire, ni une âme sèche.

Il est à présumer, qu’après cette rupture, Poe malade, l’esprit surmené, devenu excitable à un point morbide, ressentit douloureusement sa solitude. Nous avons marqué combien il éprouvait le besoin d’un attachement affectueux. Il s’adressait, pour obtenir cette sympathie, aux femmes de préférence, trouvant dans leur commerce plus de douceur. Il y trouva aussi moins de sûreté. Son tempérament susceptible de passions subites, enthousiastes et chez lui persistantes, le jeta en automne 1848 dans une aventure tragique.

Il avait loué en plus d’une occasion les vers d’une certaine Mme  Hélène Whitman, à laquelle il avait accordé, avec sa galanterie habituelle, du génie. Mme  Whitman, à la re-