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ce ne sont pas là des grands-prêtres pour rire. Le trait commun de la secte est la crédulité ; appelons cela de l’insanité, et n’en parlons plus. Priez qui que ce soit d’entre eux de vous dire pourquoi il admet ceci ou cela, et, si c’est un homme consciencieux (les sots le sont habituellement), il vous fera à peu près la même réponse que Talleyrand, quand on lui demandait pourquoi il croyait à la bible. « J’y crois, disait-il, d’abord parce que je suis évêque d’Autun, et secondement parce que je n’y connais rien. » — Ce que ces philosophes appellent des arguments, est une façon à eux de nier ce qui est, et d’expliquer ce qui n’est pas.


CVI


Sans le dégoût que l’injustice ne manque jamais d’exciter, même dans les esprits les plus pervers, les roueries malignes des critiques seraient souvent fort amusantes. Un de leurs tours communs est celui de décrier implicitement les mérites supérieurs d’un écrivain, en insistant sur ses qualités moindres. Macaulay par exemple qui a senti combien l’intelligence critique gagne à se préoccuper soigneusement des formes du langage, son moyen d’expression, est devenu peu à peu le plus grand des rhéteurs modernes. Ses confrères de revue, anonymes