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pouvaient lui être administrés qu’avec beaucoup de précaution. »


Poe en réchappa et se remit lentement. En mars, il reprenait sa correspondance et s’occupait à élaborer l’œuvre finale de sa vie, son Eureka. Il menait une vie calme, se levant et se couchant tôt, faisant de longues promenades et s’abstenant de tous spiritueux. Dans une lettre de cette époque, il se dit guéri pour toujours de son penchant à la boisson. Il eut à plusieurs reprises cette illusion salutaire.

Dans toute l’année 1844, il ne composa que quelques pièces de vers, entre autres Urlalume. En 1847, il se remit à travailler. Il rédigea d’abord et expédia à toutes les personnes qu’il connaissait le prospectus d’une revue qu’il entendait fonder avec des capitaux recueillis par souscription. Il avait poursuivi toute sa vie le projet de posséder un Magazine qui lui assurât une situation stable, plus d’influence, la liberté d’écrire comme il lui plairait, une rémunération fixe et suffisante. Il avait déjà tenté trois fois de réaliser son idée, la première fois à Baltimore, où il l’abandonna pour aller diriger en sous-ordre le Southern literary Messenger, puis à Philadelphie, où il échoua, faute de fonds.

Il résolut cette fois, la quatrième, de se procurer de l’argent en donnant une conférence. Il loua une salle à New-York avec 15 dollars, avancés par un parent de Mme  Schew, fit annoncer qu’il parlerait sur l’Univers, et ne parvint à réunir que très-peu d’auditeurs, qu’il fascine deux heures et demie durant par son éloquence impérieuse, en exposant les conceptions fondamentales de son Eureka.

Cette conférence ne produisit pas d’argent et la fondation de son magazine était encore remise. Il revint dans son cottage à Fordham, et s’occupa de publier son essai métaphy-