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certains mots importants. Mais dans l’état actuel de la métaphysique, cette solution ne saurait jamais plaire au plus grand nombre. En effet notre problème ressortit de la métaphysique pure, et cette science se trouve actuellement dans un chaos inextricable, le sens des termes qu’elle est forcée d’employer ne pouvant être fixé. Cependant cet obstacle n’est que partiel. Car si un tiers de notre sujet peut être réputé dépendant de la métaphysique, et être discuté au gré de chacun, les deux autres tiers appartiennent indubitablement aux mathématiques. Les questions, encore gravement débattues, du rhythme, du mètre, sont susceptibles d’être tranchées par démonstration. Leurs lois sont connexes aux lois de forme et de quantité, aux lois de relation. Sur ces derniers sujets, ennuyeux prétextes à controverses indéfiniment soulevées, le prosodiste aurait tort de dire de telle proposition qu’elle est probable, de telle autre qu’elle est possible. C’est comme si un mathématicien admettait que, dans son humble opinion ou sauf erreur, deux côtés quelconques d’un triangle sont plus grands que le troisième.

Il faut cependant que je fasse une remarque à ce que j’avance là. Si l’on reproche si souvent aux théories de versification de ne lier que leurs auteurs, c’est qu’il n’existe réellement pas de prosodie raisonnée. Les prosodies classiques sont des recueils de lois obscures contredites par des cas particuliers plus incertains encore, dénuées de tout principe et calquées de la façon la plus arbitraire sur la pratique des anciens, qui n’avaient d’autre règle que leur oreille et leurs doigts. — Et c’étaient là des règles suffisantes, dira-t-on, puisque l’Iliade