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garda longtemps à des appointements minimes, et le défendit courageusement après sa mort, contre toutes les calomnies. Il loue sa ponctualité, son amabilité constante.


« Il ne souriait jamais, dit-il, ni ne disait un mot d’excuse ou de louange de soi. Nous le regrettâmes quand il nous quitta ; c’était un homme tranquille, patient, laborieux, de manières distinguées, commandant la courtoisie et le respect. »


Il quitta son emploi à la fin de 1844. Il avait trouvé à s’associer avec deux autres journalistes, et fonda le Broadway Journal. Ses affaires prirent alors meilleure tournure.

Il donna, vers cette époque, plusieurs conférences, dont le bruit le fit plus connaître qu’aucun de ses contes. Il en fit une en février 1845 sur la Poésie et les poètes en Amérique, qui lui fut fatale. Griswold n’oublia jamais les attaques qu’y subirent une de ses chrestomathies et certains auteurs, qu’il avait essayé de rendre célèbres.

Poe alla, peu après, à Boston, lire quelques-unes de ses pièces de vers. Cette séance de déclamation causa beaucoup de scandale, les journaux de la ville, irrités par d’anciennes attaques de Poe, l’ayant aigrement critiqué et celui-ci leur répondant tout au long avec une obstination qui n’était pas absolument nécessaire. Poe garda toute sa vie cet acharnement d’esprit malade, la manie de réfuter des gens qui n’en valaient pas la peine et d’avoir le dernier mot. Il se fit ainsi une querelle interminable avec un anonyme qui signait « Outis », sur la question de savoir si Longfellow était un plagiaire ou non. On en arriva bientôt aux personnalités. Outis accusa Poe d’être impopulaire et de manquer d’amis. Ce dernier accepta l’un de ces reproches, mais nia l’autre. S’il avait été moins optimiste, il les aurait admis tous deux. Mais il conserva toute sa vie, comme en font foi ses lettres, la croyance