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plutôt, à vrai dire, on peut de chacune extorquer le sens que l’on veut.

Si dans l’aphorisme, que je cite plus haut, on entend dire que l’artiste est l’esclave de son sujet et doit y borner ses pensées, je n’ai aucune foi dans une affirmation qui me paraît partir d’un esprit extrêmement prosaïque. Dans les mains du véritable artiste, le sujet mis en œuvre n’est qu’une masse de matière, de laquelle le vouloir ou l’adresse de l’ouvrier peut faire quoi que ce soit. C’est la matière qui est l’esclave de l’artiste ; elle lui appartient. Le génie, sans doute, s’est manifesté en la choisissant.

Elle n’a besoin d’être ni fine ni grossière abstraitement ; mais précisément aussi fine ou aussi grossière, aussi plastique ou aussi rigide que cela est nécessaire pour l’objet à exécuter, ou plus exactement pour l’impression à provoquer. Il y a cependant des artistes qui ne rêvent que finesse et qui produisent de même. Ce qu’ils font est en général excessivement ténu et très-fragile.


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Nos bas-bleus se multiplient rapidement. Il conviendrait de les décimer tout au moins. N’y a-t-il pas de critique doué d’assez d’énergie pour en exécuter une