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IV


On pourrait imaginer une philosophie très-poétique et suggérant de sérieuses pensées, quoique, peut-être, peu soutenable, en supposant que les vertueux vivront après la mort et que les pervers seront anéantis. Et le danger de cet anéantissement, proportionnel à la culpabilité de chacun, pourrait être pressenti, pendant le sommeil et quelquefois, plus clairement encore, pendant l’évanouissement. Le manque de songes dans le sommeil marquerait le degré où l’âme serait sujette à la destruction finale. De même, s’endormir et se réveiller sans conscience du laps de temps écoulé indiquerait que l’âme est condamnée à mourir avec le corps. Par contre, quand, à la sortie d’une syncope, on retrouverait des souvenirs de rêves, (et cela arrive quelquefois) l’âme serait assurée de se trouver en condition d’échapper à l’anéantissement, la félicité ou le malheur de notre existence future étant ainsi prédit par la fréquence de nos visions.