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III


Il y a certains faits dans le monde matériel qui ont de merveilleuses analogies avec les phénomènes de la pensée. C’est ainsi que gagne quelque semblant de vérité cette affirmation des rhétoriciens, fausse au fond, qu’une métaphore ou une similitude peut servir aussi bien à confirmer un avis qu’à embellir une description. Le principe de la force d’inertie, par exemple, d’après lequel le moment nécessaire pour vaincre une résistance, est proportionnel à celui conséquent à cette victoire, semble être identique en physique et en métaphysique. Il n’est pas plus sûr de croire dans l’une de ces sciences qu’un corps considérable est mû plus difficilement qu’un moindre et que la force vive résultante est proportionnelle à cette difficulté, qu’il ne l’est dans l’autre que les intelligences d’envergure plus vaste, plus fortes, plus constantes, plus durables dans leurs élans que les intelligences inférieures, sont les plus lentes à s’ébranler, les plus embarrassées et les plus hésitantes dans les premiers pas de leur avance.