Page:Poe - Contes grotesques trad. Émile Hennequin, 1882.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Un comité de dames secourables vint en aide aux Poe. Il est difficile d’imaginer combien l’artiste dut souffrir de ces aumônes. Il parvint à se remettre à ses travaux sans rien produire de bon, sans pouvoir trouver d’emploi dans aucune revue. En automne 1844, il se décida à quitter Philadelphie pour revenir à New-York. Il espérait y mieux réussir, conservent un optimisme qui lui fut utile pour vivre.


III


La mauvaise fortune qui avait chassé Poe de Philadelphie, le suivit à New York. En arrivant, il tomba malade d’épuisement moral et physique. Il dut envoyer Mme Clemm porter ses quelques manuscrits de journal en journal. Willis, le directeur de l’Evening Mirror, où elle vint, en parle comme d’une vieille dame, de manières surannées, d’une extrême dignité dans ses transactions, s’exprimant sur Poe en termes justes et affectueux. Suivant une autre personne qui la vit plus tard, c’était une femme de haute taille, de forte carrure, de grands traits, l’air robuste, énergique, masculin, les cheveux blancs. Elle avait beaucoup à faire, étant la garde-malade et la, pourvoyeuse de ses enfants, tous deux valétudinaires, l’un, le chef de la famille, atteint dans son système nerveux et travaillant irrégulièrement.

Poe se remit bientôt et devint le secrétaire de l’Evening Mirror de Willis, journal quotidien de petite importance. Son emploi était de venir tous les jours, de 9 heures du matin à 6 heures du soir, se tenir à un bureau prêt à rédiger en style courant les nouvelles qui arriveraient. Willis le