nalyse de la langue et le résultat de cette analyse ; les solécismes ou la correction viennent donc de la valeur de celui qui analyse, suivant qu’il est un Horne Tooke ou un Cobbett.
Mais revenons à nos moutons. Pendant une après-midi pluvieuse, il y a peu de temps, me trouvant trop distrait pour entreprendre un travail suivi, je cherchai à soulager mon ennui en prenant au hasard, parmi les volumes de ma bibliothèque, peu considérable, il est vrai, mais assez variée et choisie, je crois, avec discernement. Peut-être, avais-je la tête à l’envers, mais l’apparence pittoresque de mes crayonnages fixa mon attention, et tous ces commentaires se suivant à la débandade me plurent. J’allai jusqu’à désirer qu’une autre main que la mienne eût ainsi maltraité mes livres, m’imaginant que, dans ce cas, j’aurais eu grand plaisir à les feuilleter. De là à penser que mes griffonnages pouvaient avoir quelque intérêt pour d’autres que moi, il n’y avait pas loin. La transition est si naturelle que même MM. Lyell, Murchison ou Featherstonehaugh l’eussent approuvée.
La grande difficulté était d’enlever les notes des volumes, de séparer le contexte du texte, sans nuire à la clarté. Avec tous les secours possibles, les pages imprimées sous les yeux, mes commentaires ressemblaient déjà aux oracles de Dodone, ou à ceux de Lycophron Tenebrosus, ou encore aux exercices de l’élève de Quintilien, qui étaient nécessairement excellents quand le magister ne pouvait les comprendre. Que deviendrait le contexte si on le transposait, si on le déplaçait ? Ne lui arriverait-il pas d’être oversezzet (mis sans dessus dessous) comme disent les Hollandais pour transféré ? Je me décidai enfin à avoir grande foi dans l’intelligence et l’imagination de mes lecteurs. Mais dans certains cas, où la foi même n’aurait pas transporté la montagne, je ne trou-