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lesquels nous avons examiné et réparé la pirogue, nous refaisant d’ailleurs. Nous obtînmes également des Indiens une bonne provision du froment qu’ils avaient gardé pendant l’hiver dans des trous, devant leurs huttes. Pendant notre séjour chez les Mandans, nous fûmes visités par un chef des Minnétaris, nommé Maukerassah, qui se comporta avec une grande civilité, et nous fut utile sous plusieurs rapports. Le fils de ce chef fut engagé pour nous accompagner comme interprète jusqu’à la grande fourche. Nous fîmes à son père plusieurs cadeaux, dont celui-ci fut très-satisfait. Le 1er mai nous dîmes adieu aux Mandans et continuâmes notre voyage.

1er mai. Le temps était doux et le pays environnant commençait à prendre une apparence riante ; la végétation était maintenant très-avancée. Les feuilles de l’arbre à coton étaient aussi larges qu’un écu, et beaucoup de fleurs s’étaient ouvertes. Le fleuve commençait à se resserrer. Ses rives basses étaient couvertes de bois de haute futaie. L’arbre à coton, le saule commun, le saule rouge, y croissaient en masse, avec une quantité de rosiers blancs. Derrière ces berges, le pays s’étendait en une immense plaine, sans arbres d’aucune sorte. Le sol était remarquablement riche. Le gibier était un peu plus abondant encore que par le passé. Un de nos chasseurs nous précédait sur chaque rive. Aujourd’hui, ils nous rapportèrent un élan, une chèvre, cinq castors et un grand nombre de pluviers. Les castors étaient peu sauvages et faciles à prendre. Cet animal est exquis à manger, spécialement sa queue, qui est d’une nature