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Mais il avait une fièvre de cheval, avec du délire de temps en temps, et je craignais beaucoup qu’il ne vînt à mourir.

Cependant nous avancions résolument ; à la nuit nous avions fait 20 milles, ce qui est une excellente journée.

11 Avril. Le temps continue à être beau. Nous partîmes de bonne heure. Le vent, qui était favorable, nous aida beaucoup ; de sorte que, si ce n’eût été pour la maladie de Thornton, nous n’aurions pas eu à nous plaindre. Ce dernier semblait aller beaucoup plus mal ; je ne savais plus que faire. On le soignait du mieux qu’on pouvait. Jules, le Canadien, lui fit du thé avec des herbes de la prairie, ce qui eut pour effet de le faire transpirer. La fièvre diminua.

Nous nous arrêtâmes à la nuit, près de la rive Nord ; trois d’entre nous partirent en chasse dans la prairie, au clair de lune. Ils ne revinrent qu’à une heure du matin, sans leurs fusils et avec une antilope grasse. Ils racontèrent qu’ayant fait plusieurs milles, ils étaient arrivés au bord d’un ruisseau, quand, à leur grand effroi, ils se virent au milieu d’une grande troupe de guerriers Sioux Saonis. Ceux-ci les firent immédiatement prisonniers, et les emmenèrent à un mille de là, de l’autre côté du ruisseau, dans une espèce de parc ou d’enclos fait de boue et d’échalas, dans lequel se trouvait pris un grand troupeau d’antilopes. Ces animaux continuaient à se jeter dans le parc, dont l’entrée était faite de façon à ne plus leur permettre d’en ressortir. Les Indiens font cela tous les ans. En automne les antilopes émigrent de