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le combat de la veille à son seul point de vue juste, celui de son urgente nécessité.

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(Ici Poe lui-même néglige de donner la partie du Journal qui aurait décrit l’hivernage de l’expédition dans le pays des Ricaris. Le récit reprend au 10 Avril 1792.)

10 Avril. Le temps qui était de nouveau délicieux, nous ragaillardit. On commençait à sentir le soleil, et le fleuve était tout à fait libre de glaces, à ce que nous assurèrent les Indiens, jusqu’à 100 milles plus haut. Nous dîmes adieu à Petit-Serpent (chef des Ricaris qui avait donné aux voyageurs de nombreuses preuves de son amitié pendant l’hiver,) et à sa tribu, avec un regret véritable. Après avoir déjeuné, nous reprîmes notre voyage. Perrine (un agent en pelleteries de la compagnie du Hudson qui se rendait à Petite Côte) nous fit la conduite avec trois Indiens durant cinq milles, puis prit congé de nous et revint au village où, à ce que nous sûmes plus tard, il périt de mort violente de la main d’une squaw qu’il avait insultée en quelque manière.

Quand l’agent nous eût quittés, nous poussâmes vigoureusement nos barques en avant, et fîmes beaucoup de chemin, malgré la rapidité du fleuve. Dans l’après-midi, Thornton, qui se plaignait depuis plusieurs jours, tomba sérieusement malade ; tellement, que j’insistai pour que l’on revint à notre hutte jusqu’à ce qu’il se portât mieux. Mais il refusa si obstinément cette offre, que je fus forcé de céder. Nous lui fîmes un lit confortable dans la cabine et lui donnâmes tous les soins que nous pouvions.