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venté avec une violence excessive, de sorte que nous ne sommes pas sortis de notre cachette. Le temps avait terriblement abattu notre courage, et les récits des Canadiens sur les Sioux n’étaient pas faits pour le relever. — Nous nous réunîmes tous dans la cabine de la grande barque et tînmes conseil pour savoir ce que nous ferions. Les Greely étaient pour que l’on poussât hardiment en avant, et maintenaient que les histoires des Canadiens étaient de pures exagérations, que les Sioux se contenteraient de nous molester, sans aller jusqu’à nous assaillir ouvertement. Mais Wormley, Thornton et Pierre (qui tous trois avaient une grande expérience des Indiens), pensaient que notre présent système de précautions étaient le meilleur, quoiqu’il nous forçât à aller moins vite, J’étais de leur avis. En continuant notre voyage de nuit, nous avions chance d’éviter une collision avec les Sioux et, quant au retard, j’estimais que cela tirait peu à conséquence.

5 septembre. Nous sommes partis à la nuit, et nous avions fait environ dix milles quand le jour parut. Nous cachâmes les barques comme la veille, dans une étroite crique, qui était bien ce qu’il nous fallait, étant presque close par une île couverte de taillis. La pluie commença de nouveau à tomber furieusement ; nous fûmes mouillés jusqu’à la peau avant d’avoir tout mis en ordre et nous être retirés dans la cabine.

Nous perdions courage par ce mauvais temps, et les Canadiens en particulier étaient pitoyablement démoralisés. Nous étions arrivés à un étranglement de la rivière où le courant était très-fort. Les escarpements qui des