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je courus le relever, il était, selon toutes les apparences, mort.

En revenant à lui, il dit pendant quelque temps des choses incohérentes. On le saigna et on le mit au lit. Le lendemain matin, il était complètement rétabli, quant à sa santé physique. De son esprit, je n’en parle pas. J’évitai Wyatt pendant le reste du voyage, d’après le conseil du capitaine qui partageait mon idée touchant la folie de mon ami, mais qui me pria de n’en rien dire à personne à bord.

Immédiatement après cet étrange accès, il se passa plusieurs faits qui contribuèrent à accroître ma curiosité au sujet des Wyatt, Une nuit, entre autres, j’étais énervé, ayant bu trop de thé fort, et ne pouvais dormir. — Je dirai même que, de deux nuits, je n’ai pas dormi du tout. — Ma cabine, comme celles de tous les célibataires à bord, donnait sur le salon central, la salle à manger. Les trois cabines des Wyatt ouvraient sur le salon d’arrière, qui était séparé de la salle à manger par une légère porte à coulisse, que l’on ne fermait jamais, même de nuit. Comme nous étions presque constamment sous le Vent et que la brise fraîchissait, le navire donnait de la bande, et, toutes les fois que le tribord passait du côté du vent, la porte à coulisse glissait et restait ouverte, personne ne se donnant la peine de la fermer. Or, ma couchette était placée de façon, que quand la porte de ma cabine était entrebâillée, (et elle l’était toujours, à cause de la chaleur,) en même temps que celle de la salle à manger, j’avais vue sur le salon d’arrière, et, plus précisément, sur la paroi où étaient situées les cabines des Wyatt. Eh