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tiques. Il entendait évidemment me dérober ses mouvements. Il comptait introduire en contrebande, une belle peinture dans New-York, et cela sous mon nez, pensant que je ne saurais rien de l’affaire. Je résolus de me bien moquer de lui, pour cette tentative de me jouer un tour.

Une chose cependant me causa quelque ennui. La caisse n’entra pas dans la cabine surnuméraire. Elle fut déposée dans celle de Wyatt dont elle occupait à très peu de chose près tout le plancher, à l’incommodité extrême de l’artiste et de sa femme. Ceci d’autant plus que le goudron, la peinture, avec laquelle était libellée en grosses capitales l’adresse du colis, émettait une odeur forte, désagréable, et, à mon sens, particulièrement dégoûtante.

Sur le couvercle étaient les mots :

Madame Adélaïde Curtis
Albany,
NEW-YORK

Aux soins de M. Cornelius Wyatt Esq.

HAUT
Prière de manier avec soin.

Or, je savais que Mme Adélaïde Curtis était la belle-mère de l’artiste. Mais cela ne m’empêchait pas de considérer toute l’adresse comme une mystification, qui me semblait dirigée spécialement contre moi. Je me persuadai dans mon for intérieur, que la caisse et son contenu n’iraient jamais plus loin que l’atelier de mon misanthrope, dans Chambers Street, New-York.

Pendant les trois ou quatre premiers jours de la tra-