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— Oh ! me dis-je alors, c’est pour quelque colis délicat, assurément, que Wyatt a loué cette cabine, pour quelque objet qu’on ne veut pas laisser mettre à fond de cale, quelque caisse qui ne doit pas être perdue de vue, — ah ! j’y suis, une peinture ou quelque chose d’approchant ; et c’est là ce qu’il a marchandé il y a quelque temps chez Vicolino, le juif italien.

Cette idée me satisfit, et, du coup, toute ma curiosité cassa.

Je connaissais bien les deux sœurs de Wyatt. C’étaient d’aimables et intelligentes filles. Quant à sa femme, il l’avait épousée récemment et je ne l’avais jamais vue. Il la décrivait comme douée d’une beauté, d’un esprit, d’une bonté extrêmes. J’avais donc hâte d’être mis en relation avec elle.

Le jour où je visitai le navire, (le 14), Wyatt et les siens devaient également s’y rendre, à ce que me dit le capitaine. J’attendis abord une heure dans l’espérance d’être présenté à la nouvelle mariée. Mais au bout de ce temps, on vint me dire que Mme  Wyatt était un peu indisposée et ne s’embarquerait que demain, à l’heure du départ.

Le lendemain, je me rendais donc de mon hôtel au quai, quand je tombai sur le capitaine Hardy qui me dit que « vu les circonstances » (phrase vide, mais commode), il pensait que l’Indépendance ne partirait pas d’un jour ou deux. Quand tout serait prêt, il enverrait quelqu’un m’avertir.

Ceci me parut étrange, car il soufflait une bonne brise du sud. Mais comme le capitaine ne voulut rien me dire de clair, malgré mes questions, je n’avais