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tempérament particulier de Poe, sa nature enthousiaste, excitable, capricieuse, défiante, sa volonté forte, mais non tenace, son caractère sans constance, sans souplesse, sans le pouvoir de se plier au présent pour gagner la fin.


II


Poe vivait à Baltimore en automne 1833. On ignore ce qu’il fit dans les deux années précédant cette date. Griswold prétend, sans aucune preuve, qu’il s’était enrôlé dans la milice américaine, et qu’il avait déserté ; d’autres, qu’il était reparti en Europe pour aller prendre part à l’insurrection de Pologne. Il est plus probable qu’il s’était mis à faire de la littérature, écrivant dans des Magazines inconnus, et se défendant de la misère comme il pouvait.

Il sortit de cette obscurité, à l’occasion d’un concours de nouvelles et de poésies ouvert par le Saturday Visitor, journal de Baltimore. Poe envoya sous le nom de Contes du folio-club, un certain nombre de ses histoires extraordinaires, entre autres, Le manuscrit trouvé dans une bouteille, la Lionnerie, et, de plus, une poésie, le Colisée, extraite d’un drame qu’il commençait et qu’il n’a jamais achevé, Politien. Les deux récompenses lui furent décernées, mais il ne toucha que 100 dollars, la somme affectée aux nouvelles. Un des membres du jury M. Kennedy, sut reconnaître le génie étrange que manifestaient les contes couronnés. Il eut le désir de voir leur auteur et invita Poe à dîner. Celui-ci en était à la dernière misère. Il dut écrire à M. Kennedy ce billet navrant :