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employé pour les monnaies, de l’or absolument pur, vierge, sans le moindre alliage appréciable.

Il est inutile que je raconte les aveux de Von Kempelen, — il en fit peu d’ailleurs, — et les détails de sa mise en liberté. Ces choses sont connues du public. Que Von Kempelen eût réalisé en théorie et en fait, sinon à la lettre, la vieille chimère de la pierre philosophale, aucune personne sensée n’a le droit d’en douter. Les opinions d’Arago sont dignes sans doute de la plus grande considération ; mais il n’est nullement infaillible, et ce qu’il dit sur le bismuth doit être pris cum grano salis. Le fait est que jusqu’à présent tout essai d’analyse a échoué. Il est probable que l’affaire en restera là tant que Von Kempelen ne voudra pas nous donner la clef de sa propre énigme. Tout ce que l’on peut affirmer c’est qu’il est possible de faire de l’or à volonté et promptement avec du plomb allié à certaines substances de genre et dans des proportions inconnues.

La spéculation s’effare, comme de juste, des résultats immédiats et derniers de cette découverte, que peu de personnes hésiteront à faire procéder de la soif d’or suscitée par la trouvaille de trésors en Californie. Et cette considération nous en suggère une autre, à savoir qu’il est peu désirable que l’on arrive jamais à analyser la poudre Von Kempelen. Beaucoup de gens déjà ont été empêchés de s’aventurer en Californie par la crainte que l’or ne baissât considérablement de prix à cause de son abondance dans les mines de ce pays, et qu’ainsi ce ne soit une spéculation hasardeuse d’aller si loin à sa recherche. Mais que penseront maintenant ceux qui sont