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Von Kempelen, pendant son séjour à Brême, était souvent dans la gêne. En plusieurs occasions, il avait été mis à bout d’expédients pour trouver des sommes minimes. Quand le faux tiré sur la maison Gutsmuth et Cie, causa le scandale que l’on sait, les soupçons se portèrent sur Von Kempelen, celui-ci ayant acheté tout à coup une grande maison dans la rue Gaspéritch, et refusant de révéler, quand on l’interrogea, où il avait pris l’argent nécessaire à cette acquisition. Il fut enfin arrêté ; mais rien de décisif n’ayant apparu contre lui, on le remit en liberté.

La police, cependant, surveille ses allées et ses venues. On découvrit ainsi que tous les jours, sortant de chez lui, il prenait par le même chemin, et se dérobait invariablement à ses espions dans le voisinage de ce labyrinthe de ruelles étroites et sinueuses, appelé en argot le Dondergat. Finalement, à force de persévérance, les policiers parvinrent à suivre ses traces, et le filèrent jusqu’au grenier d’une maison à sept étages située dans un cul-de-sac, nommé le Flœtsplatz. Arrivant soudainement sur lui, ils le surprirent engagé, à ce qu’ils crurent, dans ses travaux de faussaire. Son agitation fut si excessive, que les agents ne mirent pas un instant en doute sa culpabilité. Après lui avoir mis les menottes, ils fouillèrent sa chambre ou plutôt ses chambres ; car il paraît qu’il occupait tout le grenier.

Donnant dans la mansarde où Von Kempelen avait été surpris, était un réduit de dix pieds sur huit, rempli de certains appareils chimiques dont le but n’a pu encore être déterminé. Dans un coin de ce cabinet se trouvait