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avait copié les gravures sur les murs de sa chambre, au fusain. M. Wertenbaker, qui était alors bibliothécaire de l’Université, affirme que Poe était assez assidu aux cours et menait une conduite satisfaisante. L’assertion de Griswold qui le fait chasser de Charlottesville pour s’être livré à des excès de boisson, est donc sans aucun fondement. Toutefois, Poe s’était mis à jouer. Quand il partit en vacances, il avait fait pour 2000 dollars de dettes. Il s’adressa à M. Allan pour que celui-ci les payât, mais essuya un refus. Aussitôt Poe quitte Richmond, où il était revenu, et va à Boston, où il publia son premier volume de vers qui échoua. Puis il partit pour l’Europe, en juin 1827.

On ne sait rien de précis sur son séjour en deçà de l’Atlantique. Poe s’était déterminé, dit-on, à aller en Grèce, combattre contre les Turcs. Mais rien n’indique qu’il ait réalisé ce projet. Il n’est pas sûr non plus, qu’il soit demeuré en Angleterre ; il ne l’a ni nié, ni affirmé. En fait, il n’a voulu raconter de son voyage qu’un incident, qui rend compte de l’emploi d’une partie seulement de son temps. Il prétendait avoir débarqué dans un port de France, avoir été impliqué dans une querelle de femme, et blessé d’un coup d’épée. Il fut rapporté à l’hôtel, et tomba dangereusement malade, sans argent, inconnu. Son malheur avait été rapporté à une dame écossaise en passage dans le même port. Elle vint se mettre à son chevet, pourvut à ses besoins, et, quand il fut rétabli, lui fournit les moyens de revenir en Amérique. Quant à son aventure de Saint-Pétersbourg, où il aurait été compromis, d’après Griswold, dans une querelle de matelots, appréhendé par les autorités russes et rapatrié par le consul américain, elle est une invention pure. Des recherches poursuivies dans les registres consulaires n’en ont fait retrouver aucune trace.

En mars 1829, c’est-à-dire presque deux ans après son