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les lieux. En outre, si M. Kissam a réellement fait sa découverte à l’époque qu’il indique, c’est-à-dire, il y a environ huit ans, comment se fait-il qu’il n’ait pas pris immédiatement toutes les mesures qui pouvaient lui en assurer les bénéfices ? Le plus parfait imbécile se serait aperçu qu’il devait en revenir d’immenses, sinon au monde entier, du moins à lui personnellement. Il me paraît tout à fait incroyable qu’un homme puisse avoir fait la découverte dont se vante M. Kissam, et avoir observé la conduite puérile et sotte que M. Kissam reconnaît avoir tenue. D’ailleurs qui est ce M. Kissam ? Est-ce que tout l’article du Courier and Enquirer ne serait pas une invention destinée simplement à faire du bruit ? Il faut confesser que tout cela ressemble énormément à un canard, et je n’y ai, pour ma part, que fort peu de foi. Si je ne savais combien les hommes de science sont faciles à mystifier, pour tout ce qui sort du domaine habituel de leurs recherches, je m’étonnerais de voir un chimiste aussi éminent que le professeur Draper discuter sérieusement les prétentions de M. Kissam, qui m’a tout l’air d’être un Monsieur Quisencroit.

Mais revenons au Diaire de Sir Humphrey Davis. — Il est hors de doute que les passages de ce livre signalés plus haut ont conduit Von Kempelen à sa découverte. Reste à savoir si cette découverte mémorable, (mémorable en tous cas) sera utile ou nuisible à l’humanité en général. Quant à Von Kempelen et à ses amis immédiats, ils en tireront assurément de gros profits, qu’ils sauront réaliser à temps, par des achats considérables de terres, de maisons et d’autres objets ayant une valeur intrinsèque.