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de Cerbère. Quelle horreur ! — Puis voyons, il y a eu Nœvius, et Andronicus, et Plaute, et Térence. Puis Lucilius et Catulus, et Naso, et Quintus Flaccus, ce cher petit Quintus, comme je l’appelai, quand il me chanta un Sæculare pour mon amusement particulier, pendant que, par pure farce, je le mettais rôtir au bout de ma fourchette. Mais ces Latins manquaient de montant. Un bon grec, bien gras, en vaut une douzaine, et ne se gâte pas, mis en conserve. On ne peut pas en dire autant des Quirites. — Goûtons votre Sauterne.

Bon-Bon s’était résigné à ne s’étonner de rien, et s’occupa d’apporter les bouteilles demandées. Il remarqua cependant un bruit curieux qui courait par la chambre, comme le frétillement d’une queue. À cela le philosophe ne fit aucune attention et, quoique Sa Majesté se conduisit d’une façon fort indécente, il se contenta de donner un coup de pied au chien, lui criant de se tenir tranquille.

L’intrus poursuivit.

— Je trouvai qu’Horace avait énormément le goût d’Aristote. — Vous savez, j’aime la variété, moi. — Quant à Térence, je n’aurais pas pu le distinguer de Ménandre. Naso à mon étonnement n’était qu’un Nicandre frelaté. Virgile me rappela fortement Théocrite, Martial me parut Archiloque, et Tite-Live était positivement Polybe et nul autre.

Bon-Bon eut le hoquet. Sa Majesté continua.

Mais si j’ai un faible, Monsieur Bon-Bon, si j’ai un faible, c’est pour les philosophes. Cependant, laissez-moi vous dire, qu’il n’est pas donné à tout diable… hum…, à