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que j’emploie maintenant dans des chasses ou dans des batailles le cheval qui a porté mon Créateur ! Si tu ne veux le garder pour toi-même, consacre-le au service de Dieu. Je l’offre à celui de qui je tiens l’honneur des biens terrestres, le corps, l’âme, le souffle et la vie.

« — Que le Dieu tout-puissant, qui entend la prière du pauvre, vous honore, dans ce monde et dans l’autre, comme vous l’honorez ; vous êtes un seigneur puissant, connu dans toute la Suisse par une conduite chevaleresque ; vous avez six belles-filles : puissent-elles, ajouta le prêtre avec enthousiasme, apporter six couronnes dans votre maison, et puisse votre splendeur s’étendre jusqu’aux générations les plus reculées ! »

L’Empereur écoute ce chant la tête penchée et comme s’il songeait au temps passé. En regardant le chanteur, il comprend le sens intime de ses paroles. Il reconnaît les traits du prêtre, et cache dans les plis de son manteau de pourpre les larmes qui s’échappent de ses yeux. Tous les assistants le contemplent et reconnaissent en lui le comte qui a rendu cet hommage à la grandeur de Dieu.