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vague se lève, m’emporte et me ramène à la surface de l’abîme. »

Le roi le regarde avec admiration et lui dit : « Cette coupe est à toi. Je te donnerai aussi cet anneau orné de pierres précieuses. Essaye encore une fois de redescendre dans les flots et viens me dire ce que tu auras vu. »

La jeune fille l’écoute avec un sentiment de compassion, et lui dit d’une voix suppliante : « Renoncez, mon père, à cette cruelle tentative. Ce jeune homme a osé ce que personne n’avait osé avant lui. Il est revenu d’un lieu d’où nul être vivant n’était encore revenu. »

À ces mots, le roi saisit la coupe, la lance dans le torrent, et s’écrie : « Jeune homme, si tu me la rapportes, je te regarderai comme le meilleur de mes chevaliers, et tu épouseras celle qui vient de prier si bien pour toi. »

Le plongeur se voit dominé par une force céleste. Son regard courageux étincelle. Il voit la fille du roi rougir, puis pâlir et tomber sur le gazon. Il veut conquérir l’adorable récompense qui lui est offerte, et s’élance pour braver encore une fois la mort.

On entend les flots qui mugissent. On se penche en tremblant sur le bord du gouffre. La vague s’enfle, écume, monte, redescend et remonte encore ; mais elle ne ramène pas le plongeur.