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« Vive longtemps le roi ! Heureux ceux qui respirent cet air libre ! L’abîme est épouvantable. L’homme ne doit point tenter les Dieux et chercher à connaître ce qu’ils ont, dans leur clémence, caché sous le voile de la nuit.

« J’ai été emporté là avec la rapidité de l’éclair. Une vague impétueuse me jeta sur le rocher ; une autre vague non moins puissante m’enleva, me fit tourner comme une toupie. Je ne pouvais résister.

« Alors le Dieu que j’invoquais me montra, au milieu de mon danger horrible, une ouverture dans le rocher. Ce fut là que j’échappai à la mort. Là j’aperçus le vase d’or suspendu à des pointes de corail qui l’empêchaient de tomber au fond de l’abîme.

« Au-dessous de moi j’apercevais encore des profondeurs infinies. Nul bruit ne parvenait à mon oreille ; mais je voyais avec effroi des salamandres, des dragons et d’autres monstres s’agitant dans ce gouffre infernal.

« Et j’étais là, privé du secours des hommes, n’entendant plus nulle voix du monde ; là, tout seul dans mon épouvantable retraite, contemplant ces animaux hideux, et songeant à ma destinée.

« Des centaines de monstres s’approchent, cherchent à me saisir. Dans la terreur qu’ils me causent, j’abandonne les tiges de corail. Au même instant la