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mander si vous avez accompli les ordres de son maître, vous le prendrez et vous le jetterez dans la fournaise. Qu’il y soit réduit en cendres et que mes yeux ne le revoient plus. »

Ces paroles donnent aux forgerons une joie de bourreau ; car leur cœur était dur comme le fer. Ils raniment avec le soufflet le feu de la fournaise et attendent avec un cruel désir leur victime.

Robert s’en va trouver Fridolin, et lui dit d’une voix hypocrite : « Allons ! hâte-toi, le maître veut te parler. » Et le comte dit à Fridolin : « Il faut que tu ailles à l’instant même à la forge, et que tu demandes aux ouvriers s’ils ont accompli mes ordres.

— Cela sera fait, répond Fridolin, » et il se prépare à partir. Cependant il réfléchit tout à coup que sa maîtresse peut avoir quelque ordre à lui donner. Il s’en va près d’elle et lui dit : « On m’envoie à la forge, dites-moi ce que je dois faire, car c’est à vous que j’appartiens. »

La dame de Saverne lui répond avec douceur : « Je voudrais bien entendre la messe, mais mon fils est malade. Va prier à ma place, et en te repentant de tes péchés, obtiens-moi la grâce de Dieu. »

Et, joyeux de recevoir cet ordre, il se met en marche. À peine arrivé au bout du village, il entend