Page:Poésies de Schiller.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.

luttant avec ardeur, et, quand venait le matin, j’étais saisi d’une inquiétude sauvage et je résolus de tenter le combat.

« Je me dis : Quelle est la gloire du jeune homme et de l’homme mûr ? Quelle fut celle de ces héros dont nous parlent les poëtes, et que l’aveugle paganisme entoura de la splendeur des dieux ? Dans leurs entreprises hardies ils purgèrent la terre de ses monstres, ils attaquèrent le lion et luttèrent avec le minotaure pour délivrer de pauvres victimes, et empêcher le sang de couler.

« Le Sarrasin mérite-t-il seul qu’on le combatte avec l’épée du chrétien ? Ne devons-nous attaquer que les faux dieux ? Le chrétien n’a-t-il pas la mission de secourir le monde entier, d’offrir l’appui de son bras à chaque souffrance, à chaque sollicitude ? Mais la sagesse doit guider son courage, la ruse doit lutter avec la force. Voilà ce que je me disais souvent à l’écart, et je m’en allais m’informant de la manière de combattre les bêtes féroces, lorsque soudain il me vint une inspiration et je m’écriai avec joie : Je l’ai trouvée !

« Je m’approchai de toi et je te dis : Il importe que je retourne dans ma patrie. Tu accédas à mes vœux, et je traversai la mer. À peine arrivé sur le sol natal, je fis façonner par un artiste une image de dragon semblable à celle que j’avais bien remarquée.