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le dragon qui dévastait le pays est mort sous ma main. Maintenant, le voyageur peut poursuivre sa route, le berger conduire son troupeau sur la montagne, et le pèlerin s’en aller par le sentier rocailleux vers l’image qu’il invoque. »

Mais le prince le regarde avec sévérité et lui répond : « Tu as agi comme un héros ; c’est le courage qui honore le chevalier, tu as fait preuve de courage. Mais dis-moi, quel est le premier devoir de celui qui combat pour le Christ et qui porte pour ornement le signe de la croix ? » Tous les assistants pâlissent, et le chevalier dit en s’inclinant et le visage rouge : « L’obéissance est le premier devoir de celui qui veut se rendre digne de porter le signe de la croix.

— Et ce devoir, mon fils, reprend le maître, tu l’as outrageusement violé : tu as entrepris avec audace le combat que la loi t’interdisait. — Maître, répond le jeune chevalier avec soumission, tu jugeras quand tu sauras tout. J’ai cru remplir fidèlement le sens et la volonté de la loi. Je n’ai pas été combattre imprudemment le monstre, j’ai essayé de le vaincre par la ruse et l’habileté.

« Cinq chevaliers de notre Ordre, honneur de la religion, étaient devenus victimes de leur courage ; alors tu nous interdis tout nouveau combat. Cependant, j’éprouvais dans mon cœur une ardente impatience : la nuit même, dans mes rêves, je me voyais