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pareilles à des vagues ondoyantes, et alors il s’écrie avec orgueil : La splendeur de ma maison, ferme comme les fondements de la terre, brave la puissance du malheur. Mais, hélas ! avec les rigueurs du destin il n’est point de pacte éternel, et le malheur arrive d’un pied rapide.

Allons ! nous pouvons commencer à couler le métal à travers l’ouverture ; il apparaît bien dentelé. Mais avant de le laisser sortir, répétez comme une prière une pieuse sentence, ouvrez les conduits, et que Dieu garde l’édifice. Voilà que les vagues, rouges comme du feu, courent en fumant dans l’enceinte du moule !

Heureuse est la puissance du feu, quand l’homme la dirige, la domine. Ce qu’il fait, ce qu’il crée, il le doit à cette force céleste ; mais terrible est cette même force, quand elle échappe à ses chaînes, quand elle suit sa violente impulsion, fille libre de la nature. Malheur ! lorsque, affranchie de tout obstacle, elle se répand à travers les rues populeuses et allume l’effroyable incendie ; car les éléments sont hostiles à l’œuvre des hommes. Du sein des nuages descend la pluie qui est une bénédiction, et du sein des nuages descend la foudre. Entendez-vous au sommet de la tour gémir le tocsin ? Le ciel est rouge comme du sang, et cette lueur de pourpre n’est pas celle du jour. Quel tumulte à travers les rues ! quelle